De l’ombre à la lumière, de l’individu à la nation

Ce livre décrit, sur la base d'une enquête de terrain approfondie, le renouveau du chamanisme en Mongolie, et principalement dans la capitale Ulaanbaatar. L'auteur a suivi plusieurs chamanes depuis son premier séjour en 1997 et nous livre avec beaucoup de précision ethnographique un compte rendu de leurs diverses tentatives d'inventions rituelle et culturelle, auxquelles les intellectuels mongols, historiens et folkloristes en particulier, participent de près. Constatant qu'« il n’y avait pas un chamanisme, mais pratiquement autant de chamanismes que de chamanes étudiés », l’auteur donne un aperçu des différents « centres chamaniques » créés depuis la fin des années 1990, en montrant selon quelles stratégies les différents spécialistes s’y inscrivent ou s’en séparent. Au final, l’enjeu des rituels proposés par ces nouveaux chamanes de la capitale s’est déplacé au cours même des quelques années de son étude. Alors qu’ils étaient centrés au départ sur le traitement de problèmes individuels, principalement liés à des questions de chance, ils ont progressivement pris pour objet la « nation » en se proposant de « réparer » celle-ci, c’est-à-dire de recentrer l’identité mongole sur des traditions supposées héritées de Chinggis Khan et sur un culte du Ciel Éternel.
Laetitia Merli, docteur en anthropologie de l’EHESS, a enseigné l’anthropologie visuelle à Manchester. Elle est réalisatrice de films documentaires.
Based on thorough fieldwork, this book describes the revival of shamanism in Mongolia, mainly in the capital, Ulaanbaatar. The author has followed several shamans since her first visit in 1997 and gives us a very ethnologically precise account of their various attempts at ritual and cultural inventions, which Mongol intellectuals, in particular historians and folklorists, are closely involved in. Observing that “there was not one type of shamanism, but almost as many as there were shamans studied”, the author gives an outline of the different ‘shamanic centres’ set up since the end of the 1990’s. She shows what strategies the different specialists use to join or split from them. In the end, the purposes of the rituals offered by the new shamans in the capital have changed even during the period of her research. Whereas they originally focused on dealing with private problems, mainly linked to luck, they have progressively started to focus on the ‘nation’, proposing to ‘fix’ it, i.e. to reorient the Mongol identity towards the traditions supposedly inherited from Chinggis Khan and towards a cult of the Eternal Heaven.
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