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Spiritualité centrée sur la médiation entre les êtres humains et les esprits de la surnature, le chamanisme, qui recoupe tant les pratiques ancestrales des Toungouses que celles de citadins européens, prend sa source dans les sociétés traditionnelles sibériennes. Cette médiation a une fonction économique au sein de la communauté : elle permet à ses membres de faire face aux aléas de l’existence par un échange avec les esprits, lors de la transe. Religion, magie, savoir-faire procédant d’une disposition individuelle, pratique culturelle ou simple thérapie, la nature du chamanisme est complexe. Il implique en tout cas une représentation dualiste de la personne et du monde. L’être humain se compose de deux entités, son corps et son âme invisible qui survit à la mort. Par ailleurs, deux mondes coexistent : l’un est visible, quotidien, profane, et l’autre, appelé « monde-autre » ou « surnature » est celui des dieux, des esprits, des ancêtres et des morts. Désignés et élus par ce dernier lors de la survenance d’une « maladie initiatique », les chamanes peuvent communiquer avec lui de façon privilégiée : ils disposent de la capacité de le voir et de le connaître, alors que les autres hommes ne font que le pressentir et le subir. En premier lieu émerge un chamanisme de chasse dont le but est de prévoir le déplacement du gibier. Le chamane épouse la fille d’un esprit donneur de gibier qui lui fournira l’aide des esprits auxiliaires. Cette coopération suppose une contrepartie venant des chasseurs : leur esprit est dévoré et ce phénomène entraîne maladies et mort. Le rôle crucial du chamane est donc de retarder la survenance de cette contrepartie. Cette forme de spiritualité a peu à peu évolué en chamanisme d’élevage selon lequel la survie de la communauté ne dépend plus de l’esprit des animaux, mais de ceux des ancêtres. Ces deux formes ont en commun le rôle central du chamane et impliquent une personnalisation importante des cérémonies qui n’obéissent pas à une liturgie particulière. Le tambour est néanmoins l’instrument indispensable de tout chamane puisqu’il est un support et un lieu de rassemblement pour les esprits. L’institution chamanique a très vite largement dépassé la région sibérienne. On observe des pratiques analogues chez de nombreux peuples, à commencer par les Mongols, qui seraient tous originaires de Sibérie, mais aussi au Népal, en Chine, au Japon, en Corée, chez les Indiens d’Amérique du Nord, en Afrique, chez les Aborigènes d’Australie et les Amérindiens d’Amérique latine. Depuis plusieurs années, on assiste à l’émergence d’un néochamanisme en Occident, dans le sillage des mouvements du New Age, avec la publication en 1965 de L’Herbe du diable et la petite fumée de Carlos Castaneda. Le chamanisme sibérien et le néochamanisme comportent de nombreuses différences, à commencer par l’environnement naturel, sans parler de l’aspect souvent commercial et des pratiques que les Occidentaux ont adaptées pour en faire une méthode de développement personnel. Le chamanisme séduit par son absence de dogme. Ce nouvel essor se vérifie également en Orient, notamment en Mongolie. En effet, depuis la chute du bloc soviétique et la fin de son idéologie fortement athéiste, les Mongols redécouvrent avec enthousiasme leurs croyances et leurs traditions et profitent du nouvel engouement pour le chamanisme dans le monde. |
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